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BIODIVERSITERRE A la découverte des plantes amazoniennes médicinales


Depuis plus de 15 ans, Biodiversiterre sensibilise les consommateurs sur les enjeux environnementaux en Amazonie, mais également sur les bienfaits de l’économie sociale et solidaire. Parallèlement, le projet soutient une initiative agroécologique d’envergure au Brésil, en important du guarana de souche sauvage biologique et quelques autres plantes aux vertus exceptionnelles. Désormais, l’entreprise veut développer une gamme de produits issus de cultures et cueillettes traditionnelles d’une quarantaine de plantes au cœur de la forêt amazonienne. Rencontre avec Sébastien Cabau, directeur de Biodiversiterre et pilote du projet Agro Ecologie Amazonienne en France.


Comment est né le projet Biodiversiterre?


Le projet est né en 2005, après l’obtention de mon DESS en « Nouvelle Économie Sociale » à l’université Toulouse Le Mirail. L’idée consistait alors à vendre des produits bio équitables et à communiquer sur l’économie sociale et solidaire.

J’ai en effet passé mon adolescence en Argentine, effectué des études de commerce en Espagne et j’ai également été bénévole pour Artisans Du Monde, de 2001 à 2004, ce qui m’a sensibilisé à la diversité culturelle et environnementale. C’est en 2003, à travers ma pratique de Capoeira, que j’ai rencontré des producteurs de guarana. Ceux ci étaient venus d’Amazonie pour promouvoir leurs plantes en Europe, dont le guarana traditionnel. L’agro-industrie avait en effet crée un clone hybride qui est désormais cultivé partout au Brésil. La découverte du guarana de souche sauvage et l’intelligence du projet Agro Ecologique Amazonien (AEA) que menaient ces producteurs furent pour moi une véritable

révélation. Par l’intermédiaire d’un stage chez le producteur Elzenison Monteiro Nascimento.


(pilote du projet au Brésil), j’ai commencé à faire de la vente ambulante en France, des salons, des foires, etc. J’ai commercialisé ces produits aux particuliers depuis la fin de mon DESS, jusqu’à aujourd’hui, d’abord par le biais d’une association Toulousaine baptisée Esper’Arte, puis via une SCOP. Maintenant, j’assure le rôle de grossiste en microentreprise et recherche des financements, et à travailler avec des enseignes spécialisées telles que Biocoop, Naturalia, etc. Je relancerai une coopérative dés que les conditions économiques le permettront.


Quels sont les objectifs de votre projet?


L’objectif principal consiste à protéger l’environnement et la biodiversité en Amazonie grâce à l’agroécologie en proposant aux consommateurs des produits variés bénéfiques pour leur santé. La commercialisation de bois «exotique» est la première cause de déforestation, et lorsque l’on mange de la viande en France, il y a une forte probabilité pour que l’on cautionne, sans le savoir, le déboisement de l’Amazonie ! Pour alimenter les animaux d’élevage, des surfaces énormes sont en effet rasées et remplacées par des monocultures de soja OGM. Plus de 400 millions de tonnes sont ainsi importées en France chaque année et sans aucune étiquette mentionnant « OGM » sur les produits finaux ! Pourtant, l’importation et la distribution des plantes amazoniennes vont permettre de mettre en place un échange culturel, économique et social entre les paysans locaux et les consommateurs occidentaux tout en gardant la forêt debout. Le but consiste à faire venir les plantes par voilier et à mettre en place toute une gamme de produits dérivés : une quarantaine de produits au total, dont certaines peu connues des Brésiliens eux mêmes. Nous

souhaitons ainsi montrer qu’avec la biodiversité, il est possible de mener une activité économique responsable et durable, de la culture jusqu’à la transformation des plantes.








Comment allez-vous procéder ?


Chaque plante collectée et transformée est inscrite dans un cahier des charges AEA correspondant à l’Agro-Ecologie Amazonienne. Ce label interne a été crée en 1996 pour préserver les traditions locales (cuisson lente/déshydratation dans un four argile à basse température pour conserver les nutriments, préfinancement des cultures, prix double minimum payé aux producteurs, etc.). Le label bio Brésilien n’est apparu officiellement qu’en 2009 (sans être pour autant spécifique à l’Amazonie) et il fallait réagir avant ! Notre rôle consiste ensuite à offrir aux consommateurs européens des produits certifiés par des organismes reconnus comme Ecocert ou IBD et à pratiquer un commerce équilibré afin d’augmenter le revenu des producteurs/collecteurs. La mise en valeur des différentes plantes amazoniennes va permettre : de maintenir la forêt debout et le sol sous couvert forestier, la création d’emplois via la mise en place de petites unités de transformation non polluantes d’AEA, l’achat de terrains, mais aussi la création d’école pour apprendre aux enfants comment préserver leur environnement. Vous voulez protéger la forêt Amazonienne ? Achetez des produits issus de l’Agro Ecologie Amazonienne!






Quelles sont les particularités du guarana cultivé dans le cadre du projet ?


Le guarana en graine ou en poudre, estampillé « Biodiversiterre », est issu de souches sauvages

exclusivement (ns : Paullina Cupana). Il s’agit d’une plante sacrée pour les natifs. Elle est très bénéfique : puissant antioxydant, antifatigue, stimulant physique et cérébral, antidépresseur, anti-stress, anti-grippal, analgésique, brûle graisses, alcalin, etc. Ces lianes ligneuses produisent environ 200 g de graines séchées par plante. Celles-ci sont cultivées et récoltées en clairière au cœur de la forêt amazonienne (dans l’État d’Amazonas au Brésil). Ce guarana ne provient pas de cultures intensives et/ou biologiques où sont cultivées des souches hybrides sous forme d’arbuste, qui produisent 3 à 5 kg de graines séchées par plante, avec un effet excitant (vaso dilatateur) et nettement moins riches en tanins et autres nutriments que le guarana de souche sauvage qui, lui, est stimulant (vaso constricteur). Les industriels utilisent le guarana hybride depuis plus de 30 ans pour son extrait de caféine (guaranine), notamment dans la composition de certaines boissons et comme complément alimentaire minceur. Aujourd’hui, la quasi totalité du guarana bio au Brésil est lui aussi issu de ces souches hybrides ! De son coté, Biodiversiterre défend la culture traditionnelle et travaille avec 44 familles de Caboclos* possédant chacune 50 hectares de terrain en moyenne (*métissage d’Indiens avec beaucoup d’autres peuples comme les Brésiliens venus du Nord-Est du pays, les Européens, les Boliviens, les Péruviens, les Colombiens et les pionniers venus avant et après le boum du caoutchouc). Au total, le projet AEA rassemble 2 500 hectares de forêt parmi lesquels quelques parcelles dédiées à la culture du guarana biologique de souche sauvage. Il s’agit du premier guarana au monde à avoir obtenu la mention biologique par Ecocert

en 1999. Ce premier guarana bio en Europe nous a ouvert beaucoup de portes et désormais, nous souhaitons retrouver des parts de marché pour cette plante et bien d’autres!









Quelles sont les autres plantes que vous comptez importer ?


En plus de la liane de guarana, de l’huile résine de copaïba ( anti bactérienne, antitétanique, antivirale cicatrisantes, anti grippale et anti inflammatoire), de l’huile d’andiroba pressée (anti inflammatoire notamment), du beurre de cupuaçu (un beurre très hydratant) et de la résine-encens breù que nous commercialisons déjà, nous allons progressivement importer en voilier de nombreuses plantes: une vingtaine de fruits (déshydratés ou en pulpe), des huiles grasses (andiroba, beurre de cacao, cupuaçu, sésame blanc et noir, curua, tucumu, açaï,...), des huiles essentielles (vétivert, cannelle, mélisse, preciosa, pataqüera, breu branco,...), des résines plus rares (copaiba, Jutaicia, Breu branco,...), des farines (tapioca, riz, maïs, curua, babassu, cupuaçu, banane, manioc, igname,...), des pâtes de fruit (mangue, acerola, goyave, pastèque, tapereba, corossol, cupuaçu, bacuri,...), des compléments alimentaires (spiruline, curcuma et gingembre désydraté, urucum en capsule, açaï, abacaba, bacari, assaçu), des condiments (poudre de chicorée désydratée, de mangarataia, de gingembre, de curcuma, divers poivrons,...) et de la nourriture de subsistance (haricots, riz indigène, manioc, pommes de terre, de racines, pupunha, banane, igname,...). Plus de la moitié de ces plantes ne sont pas encore commercialisées en Europe! Pouvez-vous expliquer ce qu’est « l’or végétal » ? Nous avons découvert l’artisanat de capim dourado (n.s. singonantus nitens) que l’on a appelé « l’or végétal », en 2008 lors d’un voyage en famille à Rio. Il s’agit d’une plante sauvage et principalement endémique, fauchée une fois par an, du 20 septembre au 20 novembre dans l’État du Tocantins, au centre du Brésil. Les fleurs de cette graminée sont ensuite laissées à terre sur des surfaces protégées depuis 2005 (le parc du Jalapao fait plus de 34 000 km², l’équivalent d’un département Français). Une fois séchée ou mouillée selon le besoin, la tige de cette plante vivace, de couleur dorée aussi bien dehors que dedans, peut être utilisée en vannerie fine pour fabriquer des bijoux et objets naturels.

Torsade, tresse, couture et ligature sont les principales techniques pratiquées que j’ai moi même apprises là-bas. Depuis, nous importons les bijoux de près de 10 artisans et nous les commercialisons sur des marchés estivaux, des foires, des fêtes des plantes et des salons tels que le salon Marjolaine à Paris depuis 2009. Nous avons également créé nos propres modèles avec des pièces de montage pré-travaillées que nous assemblons en France en rajoutant parfois des pierres, des graines et autres matériaux naturels. L’or végétal est un artisanat éthique et écologique au résultat magnifique ! Il n’a rien à envier à l’or minéral, source d’inégalités et de catastrophes écologiques.



Avez-vous d’autres projets ?



Oui. Nous promouvons les acteurs de l’économie sociale et solidaire en France et ce, à travers une Base de Donnée des Initiatives économiques et Solidaire pilotée par le Mouvement de l’Économie Solidaire. Véritable moteur de recherche thématique et géographique, la BDIS permet de retrouver les initiatives solidaires, prés de chez soi et en seulement un clic. Les initiatives locales, citoyennes et collectives foisonnent. Basées sur des valeurs fortes : démocratie participative, solidarité, développement durable et local, transparence et utilité sociale. Elles replacent l’économie au service de l’Homme et de son environnement : Amap, commerce local et solidaire, crèche parentale, logiciel libre, médias participatifs, coopératives, jardins, santé solidaire, éco-habitats, systèmes de trocs, garages associatifs, associations culturelles… plus de 1200 initiatives sont recensées actuellement et beaucoup d’autres méritent d’y figurer alors découvrez la et parlez-en autour de vous! Enfin, j’aimerais resserrer les liens avec le réseau du commerce équitable (et passer la certification), celui des nutritionnistes et les réseaux sociaux pour mieux communiquer et vendre sur le site

internet www.biodiversiterre.fr .





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