Bruno Le Maire, Ministre d'Etat, ancien Ministre de l'Agriculture, de l'Alimentat
Au cours des dernières années, les agriculteurs ont fait des efforts considérables pour passer d’une agriculture intensive à une agriculture durable. Par nécessité d’abord, parce que le coût croissant des engrais, les risques des pesticides sur leur santé et l’épuisement des sols ne laissent pas d’autre choix. Par conviction aussi : les paysans sont les premiers acteurs de l’environnement. Ce sont les premiers à tester des solutions comme la méthanisation, pour gérer les effluents d’élevage. Les premiers à s’engager dans la réduction des pesticides en suivant les formations spécifiques qui leur sont proposées dans le cadre du plan Ecophyto 2018. Aujourd’hui, 140 000 exploitants ont obtenu leur Certiphyto. Les premiers, enfin, à plébisciter l’agriculture bio : 15 exploitations se convertissent chaque jour au bio. A ce rythme, nous atteindrons rapidement l’objectif de 6% de surfaces en bio que nous avons fixé lors du Grenelle de l’environnement.
Notre responsabilité, c’est d’accompagner les agriculteurs dans ce mouvement de transformation, en suivant trois grands principes.
Premier principe : le pragmatisme. Nous ne pouvons pas demander aux agriculteurs de changer leurs pratiques du jour au lendemain. Il faut leur laisser le temps d’adaptation nécessaire pour maîtriser les nouvelles techniques et trouver l’équilibre qui leur permettra de maintenir leurs revenus tout en limitant l’impact de leur activité sur l’environnement. Il faut également tenir compte de la réalité économique des exploitations, durement touchées par la crise de 2009.
Deuxième principe : la simplification des règles. Il y a trop de contrôles tatillons, trop de surveillance, trop de suspicion : nous devons faire davantage confiance aux producteurs. Ainsi, la France ne soutiendra le principe du « verdissement » des aides à partir de 2014 que si les nouvelles règles sont simples et incitatives pour les agriculteurs. Le verdissement de l’agriculture ne doit pas être un empilement de contraintes qui freinent la compétitivité des exploitations et découragent les producteurs. De ce point de vue, la démarche de certification environnementale des exploitations agricoles lancée au Grenelle constitue l’exemple même de ce que doit être un verdissement intelligent de l’agriculture.
Nombreux sont les agriculteurs engagés dans des démarches visant à diminuer leurs impacts négatifs ou à augmenter leurs impacts positifs en matière de biodiversité, de fertilisation et de gestion de la ressource en eau. C’est pour faire connaître et reconnaître les évolutions en cours dans les pratiques agricoles que nous avons pris, avec Nathalie Kosciusko-Morizet, un décret permettant de valoriser ces démarches en trois paliers orientés vers un niveau d'excellence qualifié de « Haute Valeur Environnementale ».
Troisième principe : la réciprocité internationale. Nous ne pouvons pas demander aux agriculteurs européens d’appliquer des règles sanitaires et environnementales parmi les plus strictes au monde et ouvrir tout grand nos frontières à des produits agricoles qui ne respectent aucune de ces règles. Ce serait une erreur économique et une faute morale vis-à-vis de nos producteurs.
Agriculture et environnement marchent main dans la main. Certes, il reste des efforts à faire, mais nous avons un cap, et ce cap, nous le tiendrons. A nous, responsables politiques, professionnels agricoles, associations de défense de l'environnement et tout simplement citoyens, de travailler ensemble dans la voie de l’agriculture durable.
Bruno Le Maire